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Elegie 10. pour palinodie à
la precedente.



PEre des dieus, humble te remercie,
I’ai deuant toi quelque vergoigne encor :
DeEt ne ſ’eſt au vice endurcie
DeMon ame, qui ſe repent or.
De mille abus mes poures yeus coupables
N’oſent honteus vers ton ciel ſe dreſſer,
N’oNi ma langue, nourrie en fables,
N’oÀ tes oreilles ſ’adreſſer.
I’ai tant de nuis en vanité paſsees,
I’ai tant de iours en vice dépendus,
I’aiTes ſaintes lois tant tréſpaſsées,
I’aiTes dons & graces tant perdus.
I’ai tant peché, tant & tant, ie l’acorde :
Mais, ô ſeigneur, tu vois que ſans ce poinct,
MaTon immenſe miſericorde
MaLieu à ſ’étendre n’auroit point.
Indigne ſuis de ta clemence, pere,
Indigne ſuis de ta promte merci.
InMais, qui tes graces deſeſpere,
InCetui ſeul te trouue endurci.
Voi, pere, voi comme eſt forte & friande
La fauce glus de ce monde pipeur :
LaDe quel ſucre il nous afriande,
LaAu tour de ſon piege attrapeur.
Aus vns hautains des hauteſſes il offre,
Du dous loiſir aus autres, ocieus