Page:Doublet - Élégies, 1559.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Que di-tu plus ? quelle excuſe, Sibille,
Peut maintenant tes rigueurs pallier ?
PeI’enten bien, dangers plus de mille
PeTe font de l’honneur ſoucier.
Ô que de nuit, & tenébres épeſſes
Dans nos eſpris ! ô aueugle fouci !
DaÔ honneur ! comme tu t’abaiſſes,
DaLas ! & qui te meſure ainſi ?
Tel cuide donc te chercher, qui t’éuite,
Car, ſans nos vers, tu ne tiens que trois iours,
CaEt l’honneur, qui les ans d’épite
CaPar nos mains paſſer doit touiours.
Ton Pélignois t’a-il deshonnorée
Douce Corinne ? es-tu infame donc,
DoViuant’ par ſa plume dorée,
DoLa plus heureuſe qui fut onc ?
Tant que douceurs, tant que durer au monde
Graces, Amours & neuf Muſes pourront,
GrTouiours, par vne main faconde,
GrDélie & Néméze viuront.
Mais la Deéſſe auecques Mars ſurpriſe
Au dur filé de ſon cocu boiteus,
AuCorrompt ceſte braue entrepriſe
AuDans ton cueur, peut-eſtre, douteus,
L’alme Venus, ſ’il faut croire ce conte,
Par ce malheur trop plus fine deuint,
PaEt voulut qu’vne telle honte
PaPlus onc à ſes amis n’auint.