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CaHelas, ſ’il faut qu’ainſi ie meure,
CaAu moins viue ce que i’écri.


Elegie 9.



COmme ſes yeus, & cõme ſon cueur méme,
Comme ſa vie, & plus que tout ſon or,
CarSibille iure qu’elle m’aime,
CarEl’le iure, & en doute encor.
Car au beſoin, d’vn Aquilon la foudre,
Qui ſi ſouuent ceſte Ourſe fait geler,
QuPlus vite qu’vne vague poudre
QuSoufle tout ce ſerment en l’air.
Tantot me nuit de l’œil de Dieu la crainte,
Oeil tout voiant : tantot ront mon bon heur
OeLa foi, qu’vn prétre lui fit ſainte :
OeTantot cent dangers de l’honneur.
Ô Roi des cieus, ce peu de choſe humaine
Vas-tu guétant de ton œil immortel ?
VaTon repos a-il quelque peine
VaDe tout ce deſordre mortel ?
Vn tas de gens nous font par ialouſie,
Croire ici bas qu’on t’ofence d’aimer :
CrEt, par force, à leur fantaſie,
CrCruelles lois en font ſemer.
Or, ces plus vieus, ces ſages teſtes griſes,
Toutes leur loi ſachent de poinct en poinct,
ToSachent & les choſes permiſes,
ToEt qui permiſes ne ſont point.