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VIE DE LOUIS EUNIUS.


j’étais arrivé près du pont quand je fus arrêté par eux, en sorte qu’ils prononcèrent ma sentence pour l’éternité ; on m’expliqua qu’il était impossible de passer, sans tomber dans l’étang, de dessus le pont de glace ; quand je regardai le pont, peu s’en fallut que je ne tombasse, il n’avait guère de large que la place d’un pied, et il y avait trois grands quarts de lieues pour le traverser, et il était placé au-dessus, au milieu du grand étang de l’enfer ; une sueur très froide me saisit alors, en songeant de quelle manière je traverserais ce pont-là, j’appelle, dans mon cœur, Dieu secrètement, de me donner assistance en un tel tourment, Jésus et la Vierge, monsieur saint Patrice, et tous les apôtres pour m’encourager ; car jusqu’à ce pont je n’avais pas eu peur, mais là je sentais que le cœur me manquait ; alors les diables, comme des loups monstrueux, me pressaient de retourner sur mes pas ou d„e passer le pont, et moi, de m’arme de foi et de confiance ; et je fis le signe de la croix avant d’avancer en sorte qu’ils s’éloignèrent de moi, en courant comme par un et j’allai sur le pont, sans craindre aucun danger ; [désespoir. dès que j’eus avancé d’un pas, par la puissance de Dieu, je sentis une main appuyée à mon côté, la main toute puissante qui m’aidait à passer, et me donnait le courage de faire ma pénitence ; alors les âmes qui étaient dans l’étang de l’enfer criaient aux diables à tue-tête : « Jette le méchant homme ici, il a péché plus que nous n’avons fait tous, et encore il sera sauvé ». J’avançai toujours, sans faire attention à eux, et je traversai bravement, avec la grâce de Dieu ; quand je fus allé de l’autre côté, je fus m’asseoir, en sorte que je sentais une douceur et mon esprit aisé ; le vent était doux, et le ciel était clair, et je rendis grâces à Dieu mon Créateur,

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