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INTRODUCTION.

bienheureux qui voient Dieu face à face ; mais qu’il ne pouvait pas avoir ce privilège parce que les yeux corporels n’ont pas la force de voir un objet infini. Il lui recommanda de mener une vie pure pour n’avoir pas à souffrir après sa mort les supplices dont il avait ressenti quelque atteinte légère. Ce fut une grande douleur pour Louis de ne pouvoir rester dans ce séjour de délices ; mais saint Patrice le prit par la main et, le poussant hors de la porte, la referma promptement. Louis reprit la route qu’il avait déjà parcourue, mais les démons le voyant resplendissant et purifié de tous les péchés passés s’écartaient devant lui et semblaient s’enfuir comme honteux de leur défaite. Louis revit la salle et les douze religieux ; quand il arriva au bout du sentier, il ne trouva aucun vestige de porte. Il adressa ses vœux au ciel et demanda le secours de saint Patrice. A peine la prière était-elle finie qu’un coup de tonnerre retentit, et que Louis, en tâtonnant, trouva comme les degrés d’un puits par où il put remonter jusqu’à la première cave. A peine était-il là qu’il l’entendit ouvrir par le prieur qui venait le chercher en grande procession et qui le conduisit à l’église. Puis il se reposa pendant neuf jours dans une petite cellule, et alors il témoigna avec tant de larmes et d’instance le désir qu’il avait de revêtir l’habit des religieux que le prieur consentit à sa demande.

Voilà, ajoute Montalvan, la relation de Ludovico Enio, qui fut soldat du roi de France et religieux du même couvent de saint Patrice. Tous ceux qui sont entrés dans cette cave disent la même chose, selon beaucoup de papiers manuscrits qu’ont cette église et d’autres églises de ce royaume, en différentes langues. Comme on le voit, la légende rédigée par H. de Saltrey a été singulièrement renouvelée par Montalvan. La seconde partie, qui est le récit du chevalier Owen, ne présente pas de grandes différences avec la rédaction primitive. Montalvan ajoute l’épisode de la roche qui ferme le chemin ; l’épisode du tourment par la neige ; l’épisode de la maison en ruines ; l’épisode du confesseur et de la cousine dans le Purgatoire.

Certains détails de H. de Saltrey n’ont pas été repris par Montalvan ; l’épisode des bains dans les métaux en fusion, l’épisode de la nourriture céleste.

D’autres détails ont été modifiés par Montalvan ; dans la salle soutenue par des colonnes et ressemblant à un cloître, ce sont quinze hommes et non douze qui apparaissent à Louis ; le pont est un pont de glace ; les deux hommes qui semblaient des évêques sont des archevêques et l’un d’eux est saint Patrice ; Owen, au lieu de partir comme croisé pour la Terre-Sainte, reste au couvent.

Quant à la première partie, on n’en a pas trouvé la source ; on pourrait la chercher soit dans la tradition populaire, soit dans