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INTRODUCTION.


chancelant, dans sa maison, où il resta huit jours sans sortir, rêvant et considérant ce papier qu’il avait lu. « Qui doute », se dit-il, « que ceci me donne à entendre que ma mort approche(1> ? Mais comment expier des fautes aussi grandes ? » Louis se décida à se rendre à Rome, résolu à faire sa confession générale au grand pénitencier de Sa Sainteté. En entrant dans l’église de saint Paul, qui est à environ un quart de lieue de Rome, sur la chaussée d’Ostie, il entendit prêcher un saint religieux de l’ordre des Prêcheurs qui criait à tue-tête que personne ne perdit courage, quand même il aurait vécu mille années en offensant Notre-Seigneur ; que lui-même avait été plus grand pécheur qu’eux tous et qu’il ressentait le plus grand contentement du monde quand il voyait entrer dans sa cellule quelque pécheur notable, repentant de ses fautes.

Le sermon achevé, Louis alla trouver le Père et lui fit par écrit . une confession complète de ses péchés. Il était si plein de douleur que ses larmes baignaient le sol et qu’il pouvait à peine remuer la langue(,). Le religieux lui imposa une pénitence médiocre, jugeant que la douleur qu’il témoignait était suffisante pour le purger de tant de crimes qu’il avait commis ; il lui donna l’absolution et la communion. Louis, pénétré de joie, ne s’occupa plus qu’à rendre grâce à la bonté de Dieu et à faire des lectures pieuses. Un jour, il lui tomba entre les mains un livre qui traitait de l’état des âmes du Purgatoire. Rempli de crainte à l’idée des tourments qui l’attendaient en l’autre vie, il eut l’intention d’aller trouver le pénitencier pour qu’il lui imposât une pénitence proportionnée à la grandeur de ses foutes, qui lui servit de purgatoire en ce monde. Un soir, il se rencontra avec quelques personnes qui discouraient de l’état des âmes des défunts, et il entendit dire tant de bien du purgatoire de saint Patrice qu’il prit dessein de faire le voyage d’Hibernie, poussé aussi par le désir de revoir le lieu de sa naissance ; si bien qu’après avoir rendu ses hommages aux saintes reliques que possède la ville de Rome, il en sortit promptement, et, une fois arrivé en Hibernie, s’informa de l’endroit où était le purgatoire privilégié.

Il alla trouver l’évêque qui, après de nombreuses observations, lui donna des lettres pour le prieur du monastère auquel il commanda que Louis fût un des premiers auxquels on permettrait l’entrée de la caverne. Arrivé au monastère, Louis s’y prépara pendant neuf jours ; puis, avec le cérémonial accoutumé, fut conduit à la caverne.

[1] [2]

  1. Que ce ne soit un présage assuré de ma mort prochaine (Boüillon).
  2. Qu’à peine les larmes qui ruisseloient sur son visage lui donnoient la liberté de la langue pour parler et déclarer toutes ses fautes (Boüillon).