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INTRODUCTION.

être le moindre élément de son succès. En 1627, un auteur dramatique espagnol, élève, biographe et panégyriste de Lope de Vega, Perez de Montalvan[1], publia à Madrid, dans le livre intitulé Vida y Purgatorio de S. Patricio, un remaniement complet de la légende du soldat Owen. Montalvan utilisa d’abord la rédaction du cistercien de Saltrey, que Messingham avait publiée dès 1624 dans son Tractatus de Purgatorio S. Patricii[2] en la combinant avec un ouvrage de David Roth, évêque d’Ossory[3], né en 1573, mort eri 1660 ; puis le compendium, de Philippe O’Sullevan, dont nous avons déjà parlé ; enfin divers documents antérieurs, reproduction, résumé ou imitation de l’ouvrage de H. de Saltrey : les Chroniques de Matthieu Paris, mort vers 1259[4] ; le Polychronicon de Ralph Higden[5], mort vers 1363 ; la Légende Dorée de Jacques de Voragine[6], mort en 1298, et l’Histoire orientale de Jacques de Vitry[7], mort en 1240. Mais l’intérêt de la légende n’est plus la description du Purgatoire, de l’Enfer et du Paradis terrestre ; il est presque entièrement concentré dans la vie d’Owen, que Montalvan appelle Ludovico Enio[8]. Ce n’est plus une étude d’eschatologie,

  1. Né à Madrid en 1602, mort en 1638. Le titre de l’édition que j’ai eue entre les mains et qui appartient à ia Bibliothèque Mazarine, n° 31917, est : Vida, y purgatorio de S. Patricio por el doctor Juan Perez de Montalvan, natural de Madrid, en esta septima impression enmendado y an dido por el mismo autor. Madrid, 1635, in-16, 14 p., non numérotées, et 118 folios. Le livre est dédié à la Serenissima Infanta Soror Margarita de la Cruz. Les approbations sont datées de 1627. C’est M. Omont, membre de l’Institut, qui m’a obligeamment signalé cette édition.
  2. Florilegium insulae sanctorum, seu vita et acta sanctorum Hiberniae, Parisiis, 1624, p. 86-109. Réimprimé chez Migne, Patrologia latina, t. CLXXX, col. 975-1004. Le Purdan Padric, publié et traduit par R. Williams et G. H. Jones (Sélections from the Hengwrt mss., London, 1892, t. II, p. 189211 ; 566-581), n’est qu’une traduction de Messingham.
  3. Voir Sidney Lee, Dictionary of national biography, London, 1897, vol. XLIX, p. 293-295.
  4. Chronica majora, Rolls édition, 1874, t. II, p. 192-203. Matthieu Paris ne fait que reproduire la version de Roger de Wendover, English Historical Society, London, 1841, t. II, p. 256. La première mention imprimée du chevalier Owen se trouve chez R. Higden, Polychronicon, 1482.
  5. Rolls édition, London, 1865, t. 1, p. 370.
  6. Opus aureum et legende insignes sanctorum sanctarumque, Lugduni. Constantin Fradin, 1519, fol. xxxvii r°. Cf. Petrus de Natalibus, Catalogus sanctorum et geslorum eorum, Venise, 1493, lib. III, cap. 204.
  7. Jacobi de Vitriaco libri duo quorum prior Orientalis, aller occidentale Historiae nomine inscribilur, Duaci, 1597, Orientalis, c. 92, p. 216-217. Cf. Vincent de Beauvais, Bibliotheca mundi, tomus quarlus qui spéculum historiale inscribitur, Duaci, 1624, lib. XX, cap. 23, 24.
  8. Le nom du héros de la légende a subi de nombreuses transformations : en latin, on trouve Owcnus, Oenus, Oengus ; en français, Oben, Oicns, Oieus, Egnus ; en anglais, Owen, Owein, Owayne, Sir Ilowyne, Owain miles. Jacques de Voragine l’appelle Nicolas. Krapp, The legend of St. Patrick’s Purgatory, p. 12. Eunius est le nom d’un évêque de Vannes au VI® siècle. Cf. La Borderie, Histoire de Bretagne, t. I, p. 289, 445.