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VIE DE LOUIS EUNIUS.


oh ! quel malheur m’avait tenté de quitter le couvent pour plaire au monde, pour plaire à un homme méchant, s’il en est sur la terre, qui me jette dans le désespoir de mourir de chagrin ; je n’ose pas même regarder vers le ciel, ni prononcer le saint nom de Dieu ; mon crime est si grand que je suis toute confuse ; je serai pour jamais punie malheureusement, punie en ce monde, punie en l’autre monde, misérable que je suis, je suis une mauvaise femme. Marie, mère de notre Sauveur, serait-il possible, tout de même, que je ne trouve pas moyen de secourir mon âme ! Pour mon corps indigne, il ne me gêne pas, je suis contente de la peine et des souffrances, si c’était la miséricorde de notre Seigneur Dieu qui viendrait regarder avec pitié mon âme, mais, hélas, je ne sais pas si j’oserais jamais espérer quelque grâce, car je suis désordonnée ; mais-la Sainte Ecriture récrée mon esprit, ’qui nous fait défense de perdre patience. Saint Augustin, saint Paul et Marie-Madeleine, saint Guillaume, Marie l’Egyptienne, qui ont été pécheurs, et beaucoup d’autres, et nonobstant cela, après la pénitence sont pardonnés de Dieu ; et je souffrirai contente, quand je devrais être tuée par le misérable qui m’a dévoyée ; voilà dix-neuf ans sans délai que je suis avec lui, et il n’a fait depuis que rouler et boire, violer, et voler, et tuer misérablement ; et toujours, quand il arrive, il commence à me battre, ces jours, n’ayez peur, quand il se fatiguera de rouler, il retournera à la maison pour me maltraiter, mais je le mérite, Dieu soit loué ! je ne souffre pas assez pour ce que j’ai mérité ; .675 ar visiricord A. 677 allas ! ne ouzon quet ha me gredfe biquen C. 680 ousinb A. Sur pasianted, voir Ernault, Mémoires de la Société de linguistique, t. XI, p. 113. 682 Marie l’Egyptienne est très connue en Bretagne. Sant Guillerm ha re ail L. a. 1711.