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LA RELIGION DES CELTES

large, consortiis sodaliciis ne signifie pas autre chose qu’associations corporatives, collèges, plus ou moins analogues aux collèges sacerdotaux des Romains.

On ne peut donc tirer une conclusion claire de ce texte obscur. Les raisons, qu’on pourrait opposer directement à la thèse de A. Bertrand sont surtout négatives. Comment se fait-il que si les druides ont une organisation si remarquable et si étonnante pour un Romain, César n’en ait rien dit ? On pourrait répondre que César n’a raconté avec soin et précision que ses campagnes et qu’il a peu étudié les mœurs et les coutumes des Gaulois. Mais il nous donne sur les druides assez de détails pour qu’on ne puisse supposer qu’il n’aurait pas mentionné le fait le plus caractéristique et le plus original de l’organisation druidique, d’autant qu’il nous fournit quelques renseignements sur la hiérarchie des druides. De plus, comment concilier l’hypothèse de druides vivant en communauté avec ce que nous savons de la vie du druide Diviciacus, qui est marié, a des enfants, prend part aux affaires publiques et même aux expéditions guerrières ?

Quant aux monastères celtiques, il est fort douteux qu’ils aient remplacé des communautés druidiques. Les premiers apôtres de l’Irlande avaient pris à tâche de faire disparaître toute trace de l’ancienne religion. Saint Patrice exigea des filé qu’ils renonçassent à toute pratique qui ne pourrait s’exécuter sans un sacrifice aux faux dieux. La prière de Nininé dit que Patrice combattit les druides au cœur dur et écrasa ces orgueilleux. Dans une prière qui lui est attribuée, Patrice prie Dieu de le protéger contre les incantations des druides[1]. D’autre part, M. d’Arbois de Jubainville a fait remarquer que le premier monastère de Gaule fut fondé en 387 et qu’il y avait déjà plusieurs monastères en Gaule quand furent établis, au vie siècle, les

  1. H. d’Arbois de Jubainville, Cours de littérature celtique, t. I. p. 158, 159, 136.