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LA RELIGION DES CELTES

Tout cela doit être fait à une certaine époque de la lune. Cet œuf fait gagner les procès et donne accès auprès des souverains. Toutefois Pline rapporte qu’un chevalier du pays des Voconces qui en portait un dans sa tunique fut, sans motif, mis à mort par l’empereur Claude[1].

Si les sacrifices et la divination sont dans l’antiquité deux pratiques religieuses importantes, les secrets magiques, dont au temps de Pline les druides sont les dépositaires, étaient laissés à des sorciers peu estimés. Comment concilier l’idée que les druides étaient des philosophes à la fois physiciens et moralistes avec le rôle assez méprisable que leur fait jouer Pline le naturaliste ? On peut sans doute s’expliquer cette contradiction en tenant compte de la différence des dates. Entre l’époque de César et celle de Pline se placent le règne de Tibère qui supprima les druides : Tiberii Caesaris principatus sustulit druidas eorum et hoc genus vatum medicorumque[2], et le règne de Claude qui abolit complètement cette religion des druides si effroyablement cruelle, qui sous Auguste n’avait été qu’interdite aux citoyens romains[3]. Au temps de Pomponius Mela, les druides donnent leur enseignement soit dans un antre, specu, soit dans des clairières cachées[4]. La persécution n’aurait donc pas été favorable au maintien des hautes traditions morales qui avaient fait des druides les premiers personnages de la Gaule et les plus justes des hommes. Ou bien faut-il croire que de tout temps, les druides avaient cherché à assurer leur pouvoir non seulement par leur science, mais par des pratiques magiques dont ils étaient les premiers à connaître l’inanité, et que, lorsque la domination romaine leur eut supprimé toute action judiciaire et politique, il ne leur resta plus

  1. Histoire naturelle, xxiv, 62-63 ; xvi, 95 ; xxix, 12.
  2. Histoire naturelle, xxx, 4, 13
  3. Claude, 25.
  4. Chorographia, iii.