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LA RELIGION DES CELTES

prennent part à l’exercice du pouvoir public aussi bien que les chevaliers : ainsi Diviciacus qui, à ce que Cicéron nous apprend, était un druide, mène une vie assez peu différente de celle de son frère Dumnorix qui n’était pas druide, et est très mêlé aux affaires politiques de son temps. Il ne s’agit donc pas d’une classe sacerdotale, à plus forte raison, comme on l’a dit, d’un clergé gaulois. César parle dans un passage des sacerdotes[1], qui peuvent être différents des druides, et rien ne nous indique que les prêtres des Boïens, sacerdotes, antistites, que mentionne Tite-Live fussent des druides.

Pour désigner, à l’époque gallo-romaine, les prêtres affectés aux cultes locaux, il y avait un mot qui est sans doute celtique, gutuater. Les inscriptions nous apprennent qu’il y avait à Mâcon un gutuater de Mars[2] et à Autun des gutuater du dieu Anvalos[3]. La confusion du gutuater et du druide n’est faite que chez Ausone, qui d’ailleurs se sert dans un autre passage, pour désigner un prêtre de Belenus, de l’expression Beleni ædituus[4].

L’institution druidique n’était pas originaire de Gaule. Elle avait été, pensait-on, créée en Grande-Bretagne et de là avait été transportée en Gaule. Les Gaulois qui voulaient la connaître plus à fond se rendaient le plus souvent de l’autre côté de la Manche. Nous n’avons aucun renseignement ancien sur le druidisme de Grande-Bretagne. Le druidisme irlandais seul peut donner matière à des rapprochements avec les notions que nous fournissent les écrivains de l’antiquité sur les druides de la Gaule. D’après César, qui semble parler des druides en général plutôt que des druides de son temps, les druides remplissent des fonctions religieuses, éducatives, judiciaires, politiques. Nous

  1. De bello gallico, vii, 33.
  2. Holder, Altceltischer Sprachschatz, t. I, col. 2046.
  3. Revue épigraphique, 1900, p. 132-133.
  4. Professores, v, xi.