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LA RELIGION DES CELTES

dans le domaine public que les druidesses sont devenues des dryades.

Quant aux autres noms donnés par les auteurs de l’antiquité, aucun ne semble celtique ; σεμνόθεος est un adjectif grec que l’auteur regardait évidemment comme une explication de δρυίδης ; euhages semble être l’adjectif grec εὐ-ἁγής « vénérable » synonyme de σεμνόθεος ; οὐάτεις, dont on a fait en français ovates est tout simplement une transcription grecque du latin vates.

Les druides, pour les auteurs de l’antiquité, constituent une des classes d’hommes qui sont le plus honorés chez les Celtes. Ils ne se confondent ni avec les bardes, ni avec les devins, ni avec les vates. Les bardes sont des poètes auteurs de panégyriques ou de satires ; ils chantent sur la lyre les exploits des héros[1]. Les devins prédisent l’avenir par le vol des oiseaux ou l’examen des entrailles des victimes[2]. Les vates s’occupent des sacrifices et des lois de la nature. Les druides, indépendamment de la physique et de la physiologie, professent la philosophie morale et sont regardés comme les plus justes des hommes. Chez les auteurs qui ne nous parlent que des druides, ceux-ci sont confondus avec les devins et avec les vates. Le mot druide a donc chez les écrivains de l’antiquité deux sens : un sens large et un sens restreint.

Au sens large, on comprend sous le nom de druides à peu près tous les hommes à carrière libérale. « Dans toute la Gaule, nous dit César, il y a deux classes d’hommes à compter et à être honorées : l’une celle des druides, l’autre celle des chevaliers ». Tandis que les chevaliers constituent l’élite de l’armée gauloise, les druides ne vont pas à la guerre et sont exempts de tout service militaire. Ils

  1. Athénée, iv, 37 ; vi, 49 ; Diodore de Sicile, v, 31, 2 ; Amelien Marcellin, xv, 9, 8 ; Lucain, Pharsale, i, 447-449.
  2. Diodore, v, 31, 3 ; Strabon, iv, 4, 4.