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LA RELIGION DES CELTES

des armées la direction qu’elles doivent suivre[1] ; averti par le vol d’un aigle Déjotarus revient sur ses pas[2]. Il reste encore à l’époque la plus ancienne des souvenirs du culte que l’on rendait à certains animaux[3]. Chez les Bretons, l’oie, la poule et le lièvre sont tabous[4]. Les Galates de Pessinonte ne mangent pas de porc[5]. Nous avons cité plus haut le surnom de Mercurius : Moccus qui signifie cochon. On sait que le cochon sauvage, le sanglier, était l’insigne guerrier des Celtes, et qu’il figure comme tel sur l’arc de triomphe d’Orange. Nennius nous parle d’un animal merveilleux, porcus troit poursuivi par le roi Arthur dans une chasse fantastique[6] ; c’est le twrch trwyth du roman gallois intitulé Kulhwch et Olwen[7], et ce porc ou ce sanglier fameux est sans doute dans la légende celtique un souvenir du temps où le porc était le symbole et le totem d’une tribu gauloise. Sur le fronton de l’autel de Reims est sculpté un rat ; le petit autel tricéphale trouvé dans la même ville est surmonté d’une tête de bélier. Nous avons déjà parlé du taureau aux trois grues, du serpent à tête de bélier et des dieux à cornes de bélier et de cerf qui ne rappellent plus que par un détail le culte primitif des animaux sacrés.

Comme les Romains, les Celtes cherchent à connaître l’avenir par les entrailles des victimes[8] ; ils ajoutent foi aux indications données par les songes[9].

  1. Justin, xxiv, 4, 3.
  2. De Divinatione, i, 16, 26.
  3. Voir S. Reinach, Revue celtique, t. XXI, p. 269-306.
  4. De bello Gallico, v, 13.
  5. Pausanias, VII, 17, 10.
  6. Mommsen, Chronica minora, t. III, p. 217, 1. 18.
  7. J. Loth, Les Mabinogion, t. I. p. 252-281. Cf. Rhys, Celtic folklore, p, 398-555.
  8. Justin, xxvi, 2 ; Diodore, v, 31.
  9. Justin, xliii, 5.