dunum, dont le second terme est le nom celtique bien connu dunos, en irlandais dun forteresse, avait pour premier terme le nom d’un dieu gaulois Lugus. On a trouvé dans deux inscriptions le nom de génies Lugoves[1], qui est le pluriel en celtique de Lugus. Dans l’épopée irlandaise, Lug, le bon ouvrier capable d’exécuter tout ouvrage qu’on lui confie, a gardé sans doute quelques traits de son ancêtre gaulois Lugus, sans qu’il soit possible de restituer avec quelque précision la physionomie de celui-ci.
Les divinités celtiques sont souvent, dans les dédicaces, groupées deux à deux, un dieu et une déesse. Nous avons déjà cité Sucellos et Nantosuelta. On trouve de plus dans les inscriptions gallo-romaines Mercure associé à Rosmerta[2], déesse dont le nom est certainement celtique, cf. Smertullos ; Borvo, le dieu de Bourbonne-les-bains, de Bourbon-Lancy et d’Aix-les-Bains, associé à Damona ; Apollon associé à Sirona, la nymphe des eaux ; Mars associé à Nemetona, dont le nom rappelle celui de Nemon, fée guerrière de l’épopée irlandaise[3].
Ce dualisme n’a rien de particulier aux Celtes. On le trouve fréquemment ailleurs. Le groupement des divinités en triades a plutôt un caractère celtique. Nous avons parlé plus haut de l’autel de Reims, où un dieu cornu figure avec Apollon et Mercure ; on peut citer encore l’autel de Beaune et l’autel de Dennevy : dans chacun de ces autels figurent trois personnages dont un tricéphale. Le dieu tricéphale lui-même semble une représentation réduite de la triade. On a souvent fait remarquer que Teutatès, Esus et Taranis, les trois divinités sanguinaires citées par Lucain, pouvaient constituer une triade. Ce qui fait