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LA RELIGION DES CELTES

quence ; on le représente sous la forme d’un vieillard armé d’un arc, conduisant avec sa langue les hommes enchaînés par les oreilles. Il a suffi qu’un peintre, voulant manifester aux yeux la force de l’éloquence, eût ajouté à Ogmios la massue et la peau de lion d’Héraclès, pour qu’on regardât Ogmios comme l’Héraclès gaulois et qu’on établit entre les deux divinités un rapport fondé uniquement sur un attribut symbolique.

Dion Cassius[1] signale le culte chez les Bretons de Boudicca d’une déesse de la Victoire, Andatê ou Andrastê à laquelle on offrait des sacrifices humains. Le nom de cette déesse semble une mauvaise leçon du nom grec Ἀδράστη, « l’Inévitable », traduction ou défiguration d’un nom celtique (Cf. Andarta, déesse des Voconces).

Les inscriptions nous font connaître encore les noms d’autres divinités celtiques qui n’ont point été assimilées à des divinités romaines. Nous avons déjà parlé de Borvo, Grannus, Belenus, quelquefois assimilés à Apollon ; de Camulus, Belatucadrus, Nodons, Segomo, quelquefois assimilés à Mars ; de Belisama, Sulis, quelquefois assimilées à Minerve. Deux inscriptions des Pyrénées nous font connaître le nom d’un dieu Abellio, au datif Abellioni[2] ; ce nom peut être d’origine celtique. Une dédicace votive porte le nom d’une déesse auquel manque la lettre initiale : athuboduæ ; on a restitué un c et comparé Cathuboduæ à Bodb héroïne de l’épopée mythique irlandaise[3]. Les déesses-mères, Matres ou Matronæ, auxquelles sont adressées en Gaule de nombreuses dédicaces semblent être des divinités spéciales aux Celtes et aux Germains. Elles sont souvent groupées par trois.

Les inscriptions les plus intéressantes sont celles qui sont jointes à des monuments figurés. Parmi ces monuments

  1. Histoire romaine, lxii, 6, 7.
  2. A. Bertrand, La religion des Gaulois, p. 146.
  3. Revue celtique, t. I, p. 32-57.