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LA RELIGION DES CELTES

épithètes. Un certain nombre d’entre eux peuvent désigner des divinités gauloises que l’on a assimilées à celles des divinités romaines qui avaient des attributs analogues.

L’étude des inscriptions gallo-romaines complète donc et rectifie le texte de César. Les dieux romains auxquels les dieux gaulois ont été assimilés sont bien Mercure, Mars, Apollon, Jupiter et Minerve. Il faudrait y ajouter peut-être Hercule et Silvain. Le nom de Mercure est bien moins fréquent dans les inscriptions que celui de Mars. Peut-on en conclure qu’à l’époque gallo-romaine le grand dieu des Celtes était, comme à l’époque des invasions, un Mars plutôt qu’un Mercure ? Ou bien, pour adopter la séduisante hypothèse de M. Jullian[1], Mars et Mercure ne seraient-ils que deux aspects différents du même dieu qui présidait à la fois aux travaux de la guerre et à ceux de la paix ? Tite-Live[2] nous a vaguement conservé le souvenir d’un roi des Celtes Ambigatus ou Ambicatus[3] qui avait réuni sous sa domination vers la fin du cinquième siècle avant notre ère une grande partie de l’Allemagne actuelle et de l’Autriche, la France moins le bassin du Rhône, et près des deux tiers de la péninsule ibérique[4]. Il est possible que l’unité politique ait alors été complétée chez les Celtes par une sorte d’amphictyonie religieuse, et que les diverses nations celtiques aient reconnu un dieu suprême protecteur de toute la race. Quand l’empire d’Ambicatus se fut démembré et que le lien qui unissait les tribus des Celtes se fut relâché, les dieux locaux, dont le prestige avait dû quelque temps céder à l’autorité du dieu suprême, furent de nouveau l’objet d’ex-votos et de dédicaces.

  1. Revue des études anciennes, t. IV, p. 109.
  2. Livre V, ch. xxxiv.
  3. Cette forme est due à Whitley Stokes.
  4. H. d’Arbois de Jubainville, Cours de littérature celtique, t VI, p. 223-229.