je en pleurant. Pourquoi me parler d’eux ainsi ? Que vous ont-ils fait, Catherine ? »
Catherine était confuse et ne savait que répondre. À ce moment le prince entra.
— « Qu’as-tu, Niétotchka ? demanda-t-il en me regardant et voyant mes larmes. Qu’as-tu ? continua-t-il en jetant un regard sur Catherine qui était rouge comme le feu. De quoi parliez-vous ? Pourquoi vous disputez-vous ? Niétotchka, pourquoi vous êtes-vous fâchées ? »
Je ne pus pas répondre. Je saisis la main du prince, et tout en larmes je la baisai.
— « Catherine, ne mens pas. Que s’est-il passé ? »
Catherine ne savait pas mentir.
— « J’ai dit que j’ai vu la vilaine robe qu’elle portait quand elle était avec ses parents.
— « Qui te l’a montrée ? Qui a osé te la montrer ?
— « Je l’ai vue toute seule, répondit Catherine résolument.
— « C’est bon ! Tu ne dénonceras personne, je te connais. Eh bien, et après ?
— « Elle s’est mise à pleurer et m’a demandé pourquoi je me moquais de ses parents.
— « Alors tu t’es moquée d’eux ? »
Catherine ne s’était pas moquée, mais elle en avait eu l’intention, comme je le compris tout de suite. Elle ne répondit rien, donc elle convenait de sa faute.
— « Va tout de suite lui demander pardon », dit le prince.
La princesse était blanche comme un mouchoir et ne bougeait pas.
— « Eh bien ! fit le prince.
— « Je ne veux pas ! prononça enfin Catherine à mi-voix, mais de l’air le plus résolu.
— « Catherine !
— « Non, je ne veux pas, je ne veux pas ! s’écria-t-elle tout d’un coup, les yeux brillants, et en frappant du pied. Père, je ne veux pas lui demander pardon. Je ne l’aime pas, je ne veux pas vivre avec elle. Je ne suis pas coupable si elle pleure toute la journée. Je ne veux pas, je ne veux pas !
— « Viens avec moi, dit le prince, en la prenant pour l’emmener dans son cabinet. Niétotchka, va en haut. »