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dre, des raies de lumière tantôt éclairaient soudain toute la chambre, tantôt se jouaient vaguement sur le mur, tantôt disparaissaient tout à fait. J’eus peur. Une sorte d’effroi s’abattit sur moi ; mon imagination venait d’être agitée par un rêve effrayant ; l’angoisse me serrait le cœur… Je bondis de dessus ma chaise, et un cri peignant s’échappa malgré moi de mes lèvres. En ce moment la porte s’ouvrit, et Pokrovsky entra dans notre chambre.

Je me souviens seulement que je revins à moi dans ses bras. Il me déposa avec précaution sur un fauteuil, m’offrit un verre d’eau et m’accabla de questions. « Vous êtes malade, vous-même êtes fort malade », dit-il en me prenant par la main ; « vous avez la fièvre, vous vous tuez, vous ne ménagez pas votre santé ; calmez-vous, couchez-vous, dormez. Je vous éveillerai dans deux heures ; prenez un peu de repos… Couchez-vous donc, couchez-vous ! » poursuivit-il sans me laisser placer un mot. J’étais rendue, mes yeux se fermaient d’eux-mêmes. Je m’étendis dans le fauteuil, comptant bien ne faire qu’un somme d’une demi-heure, et je dormis jusqu’au matin. Pokrovsky ne m’éveilla qu’au moment où je