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dont, à dire vrai, j’ai été enchanté. Je n’irai plus chez eux désormais ; ce sont de forcenés joueurs, pas autre chose ! Tenez, l’employé qui a un service littéraire donne aussi des soirées, mais chez celui-là tout se passe très-bien, les réunions sont innocentes, convenables, de très-bon ton.

Eh bien, Varinka, je noterai encore en passant que notre logeuse est une femme dégoûtante et, de plus, une véritable sorcière. Vous avez vu Thérèse ? Eh bien, qu’est-ce que c’est, réellement ? Elle est maigre comme un poulet déplumé. Tout le service de la maison est fait par deux personnes : Thérèse et Faldoni, le domestique de la logeuse. Je ne sais pas, il a peut-être encore un autre nom, mais c’est à celui-là qu’il répond ; tout le monde l’appelle ainsi. Roux, borgne, camard, ce Faldoni est une espèce de brute : il est toujours à se chamailler, sinon à se battre avec Thérèse. Généralement parlant, ce n’est pas tout plaisir pour moi de demeurer ici… Que la nuit tous les locataires soient en même temps plongés dans le sommeil, — cela n’arrive jamais. Il y a toujours quelque part des gens en train de jouer aux cartes, et même parfois il se passe des choses