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n’est rien ; restez seulement deux minutes chez nous, et cela se passera, sans même que vous vous en aperceviez, parce que vous-même sentirez mauvais ; l’odeur sera dans vos vêtements, sur vos mains, sur toute votre personne, — et vous y serez fait. Chez nous, les serins en meurent. Voilà déjà le cinquième qu’achète l’enseigne, — notre air leur est funeste, tout simplement. La cuisine est chez nous grande, large, claire. Dans la matinée, à la vérité, quand on frit du poisson ou qu’on rôtit de la viande, cette chambre est plus ou moins remplie de vapeur de charbon, et puis on jette de l’eau partout ; en revanche le soir c’est un paradis. Dans notre cuisine, il y a toujours du vieux linge pendu à des cordes, et comme mon logement n’est pas loin, ou plutôt, comme il est contigu à la cuisine, l’odeur du linge me gêne un peu ; mais ce n’est rien : on s’y habitue à la longue.

De grand matin, Varinka, commence chez nous un remue-ménage, on se lève, on va et l’on vient, on cogne ; — c’est le moment où chacun sort du lit pour aller où il a affaire, celui-ci au service, celui-là ailleurs ; au préalable tous prennent le thé. La logeuse n’ayant qu’un