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tel sujet ne vous plaît peut-être pas, et moi-même ce n’est pas que ces souvenirs m’égayent, — surtout maintenant : la nuit vient. Thérèse tracasse dans la chambre, j’ai mal à la tête, j’ai aussi un peu mal au dos, et il semble que je souffre également par le fait de pensées si étranges ; je suis mélancolique aujourd’hui, Varinka ! — Qu’est-ce que vous m’écrivez donc, ma chère ? Comment irais-je chez vous ? Mon amie, que diront les gens ? Il faut traverser la cour, les voisins s’en apercevront, ils se mettront à questionner, ils feront des commentaires, des cancans, le fait sera faussement interprété. Non, mon petit ange, j’aime mieux vous voir demain aux premières vêpres ; ce sera plus sage et moins compromettant pour nous deux. Pardonnez-moi, matotchka, de vous écrire une pareille lettre ; je vois en la relisant combien elle est incohérente. Je suis un vieillard sans instruction, Varinka ; je n’ai pas fait d’études étant jeune, et maintenant rien ne m’entrerait dans l’esprit, si j’essayais de m’instruire. Je le reconnais, matotchka, je n’ai pas de talent descriptif, et je sais que si, sans critiquer ni railler personne, je veux écrire quelque chose d’un peu piquant, j’entasserai sottises