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fille ; j’aimais tout en vous, matotchka, ma chérie ! Et même je ne vivais que pour vous ! Je travaillais, je faisais des copies, je sortais, j’allais me promener, je confiais mes observations au papier sous forme de lettres amicales, tout cela, matotchka, parce que vous demeuriez ici, en face, tout près de moi. Vous ne le saviez peut-être pas, mais c’était ainsi. Écoutez, matotchka, jugez, ma chère petite amie, s’il est possible que vous nous quittiez ! Ma chérie, vous ne pouvez pas vous en aller, c’est impossible, c est de toute impossibilité. Voyez, il pleut, et vous n’êtes pas forte ; vous prendrez un refroidissement. Votre équipage ne vous protégera pas contre la pluie, vous serez toute trempée à coup sûr. Vous n’aurez pas plus tôt dépassé la barrière qu’il arrivera un accident à votre voiture ; elle se brisera exprès. Ici, à Pétersbourg, on fait les voitures d’une façon exécrable ! Je les connais, tous ces carrossiers ; ils savent fabriquer de jolis joujoux, ça a du chic, mais voilà tout, ce n’est pas solide ! Je jure que ce n’est pas solidement fait ! Matotchka, je me jetterai aux genoux de M. Buikoff ; je lui prouverai, je lui démontrerai tout ! Vous lui expliquerez aussi les choses,