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savais comme vous m’aimiez. Un sourire de moi, une ligne de mon écriture vous rendait heureux. À présent il faudra vous habituer à ne plus me voir ! Comment resterez-vous seul ici ? Qui vous restera ici, mon bon, mon inappréciable, mon unique ami ? Je vous laisse le livre, le métier, la lettre commencée ; quand vous regarderez ces lignes interrompues, complétez-les par la pensée, lisez-y tout ce que vous auriez voulu entendre ou lire de moi, tout ce que je ne vous aurais pas écrit ; mais maintenant, que n’écrirais-je pas ! Souvenez-vous de votre pauvre Varinka qui vous a aimé d’une affection si solide. Toutes vos lettres sont restées dans la commode chez Fédora, dans le tiroir d’en haut. Vous m’écrivez que vous êtes malade, mais M. Buikoff ne me laisse aller nulle part aujourd’hui. Je vous écrirai, mon ami, je vous le promets ; mais Dieu seul sait ce qui peut arriver. Ainsi, disons-nous adieu maintenant pour toujours, mon ami, mon chéri, pour toujours !... Oh ! comme je vous embrasserais maintenant ! Adieu, mon ami, adieu, adieu. Vivez heureux ; portez-vous bien. Je prierai éternellement pour vous ! Oh ! que je suis triste ! quel poids j’ai sur