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mes oreilles ne me trompent-elles pas ? On m’appelle, on me demande, on appelle Diévouchkine. Mon cœur commença à trembler dans ma poitrine, et je ne sais pas moi-même de quoi j’avais peur : je sais seulement que j’étais effrayé comme jamais de ma vie je ne l’avais été. Je me décidai à faire le mort et ne quittai pas ma chaise. Mais voilà que le bruit recommence et se rapproche de plus en plus. Voilà qu’au-dessus de mon oreille on crie : « Diévouchkine ! Diévouchkine ! Où est Diévouchkine ? » Je lève les yeux, Evstafii Ivanovitch est devant moi : « Makar Alexéiévitch, allez vite chez Son Excellence ! Vous avez fait un tas de bévues dans votre copie. » Il n’en dit pas plus, mais c’était assez, n’est-ce pas, matotchka, cela suffisait ? Je reste pétrifié, mon sang se glace dans mes veines, je perds mes esprits ; bref, je quitte la chambre, plus mort que vif. On me fait traverser une pièce, puis une autre, puis une troisième, et finalement je suis introduit dans le cabinet ! Je ne saurais vous dire positivement à quoi je pensais alors. J’aperçois là Son Excellence, ils sont tous autour d’elle. Je crois que je ne saluai pas ; je l’oubliai. J’étais si troublé qu’un tremblement