Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hommes cultivés, instruits. Parmi eux se trouve un employé (il a quelque part un service littéraire), c’est un érudit : il parle d’Homère, de Brambéous[1] et de divers écrivains, il parle de tout ; — un homme intelligent ! Il y a aussi deux officiers qui jouent tout le temps aux cartes. Il y a un enseigne de vaisseau, il y a un Anglais qui donne des leçons. Attendez, je vous amuserai, matotchka ; dans ma prochaine lettre je les décrirai satiriquement, c’est-à-dire que je vous ferai le portrait individuel et détaillé de chacun d’eux. Notre logeuse, — une vieille femme très-petite et très-sale, — est toute la journée en pantoufles et en robe de chambre ; toute la journée elle tarabuste Thérèse. Je demeure dans la cuisine, ou, pour mieux dire, voici comment je suis logé : ici, à côté de la cuisine, il y a une chambre (et chez nous, je dois vous le faire observer, la cuisine est propre, claire, fort belle), une petite pièce, un petit réduit si discret… ou, pour m’exprimer avec plus de justesse encore, la cuisine, vaste et recevant le jour par trois fenêtres, est cou-

  1. Publiciste qui fut célèbre en Russie vers le milieu de notre siècle, et qui prit part avec le comte Sollohoub à la rédaction du journal le Plaisant.