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la fenêtre ; toute la campagne était gelée ; aux branches dépouillées pendait le fin givre de l’automne ; une glace mince comme une feuille de papier couvrait le lac sur lequel se levait une vapeur blanche ; les oiseaux faisaient entendre des cris joyeux. Le soleil brillait, et ses rayons lumineux brisaient comme verre la mince couche de glace. Un temps clair, gai, serein ! Dans le poêle de nouveau le feu pétille, nous nous asseyons tous devant le samovar ; notre chien noir Polkan, qui, la nuit, a été transi de froid, vient regarder à la fenêtre et nous salue en agitant sa queue. Passe devant nos croisées un moujik monté sur un cheval vigoureux, il va au bois s’approvisionner de combustible. La satisfaction, la gaieté est générale. On a récolté beaucoup de blé ; le soleil dore les grandes meules couvertes de chaume, c’est un spectacle qui réjouit l’âme ! Et tout le monde est tranquille, tout le monde est content ; pour tous l’année a été bonne ; chacun sait que, l’hiver, il aura du pain ; le paysan est sûr que sa femme et ses enfants ne souffriront pas de la faim ; aussi, durant les soirées, les jeunes filles ne cessent de chanter et de danser ; aussi, le jour du Seigneur, tous avec des larmes de reconnaissance