Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rèse, — c’est aussi une femme bonne et sûre. Mais que j’étais déjà inquiet pour notre correspondance ! Comment nos lettres nous seront-elles transmises ? me demandais-je. Et voilà que Dieu a envoyé Thérèse pour notre bonheur. C’est une femme bonne, douce, silencieuse. Mais notre logeuse est vraiment sans pitié. Elle la fait travailler comme une esclave.

Dans quel trou je me suis fourré, Varvara Alexéievna ! Voilà un logement ! Autrefois, vous le savez vous-même, je vivais comme un ermite — ou milieu du calme et du silence ; une mouche ne pouvait pas voler chez moi sans qu’on l’entendlt. Et ici un bruit, des cris, un tumulte ! Mais vous ne savez pas encore comment tout cela est organisé ici. Figurez-vous, par exemple, un long corridor, très-obscur et très-malpropre. À droite de ce corridor, un mur plein ; à gauche, une suite de portes, comme dans les hôtels garnis. Eh bien, ces portes sont celles des logements, lesquels se composent chacun d’une seule chambre, et dans cette pièce unique habitent jusqu’à deux et trois personnes. Ne cherchez pas d’ordre chez nous, c’est l’arche de Noé ! Du reste, les locataires paraissent être de braves gens, des