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mépris : « Voilà, disent-ils, on a ramené cet employé. » Et moi je ressens votre humiliation à un degré insupportable. Je vous jure que je m’en irai d’ici. Je me placerai quelque part comme femme de chambre, je me ferai blanchisseuse, mais je ne resterai pas dans ce logement. Je vous avais écrit de venir me voir, et vous n’êtes pas venu. Ainsi mes larmes et mes prières vous laissent indifférent, Makar Alexéiévitch ! Et où vous êtes-vous procuré de l’argent ? Pour l’amour du Créateur, prenez garde ! Vous vous perdez, vous vous perdez de gaieté de cœur ! Et quelle honte, quelle ignominie ! Hier, quand vous êtes rentré, votre logeuse a même refusé de vous ouvrir : vous avez passé la nuit dans le vestibule ; je sais tout. Si vous saviez combien j’ai souffert en apprenant tout cela ! Venez me voir, vous vous amuserez chez nous : nous ferons des lectures ensemble, nous parlerons du passé, Fédora racontera ses pèlerinages. Pour l’amour de moi, mon cher, ne causez pas votre perte et la mienne. Je ne vis que pour vous, c’est pour vous que je reste ici. Et voilà comme vous êtes maintenant ! Soyez un homme noble, ferme dans l’adversité ; rappelez-vous que pauvreté n’est pas vice. D’ailleurs,