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conscience de vivre, Varinka ! Je suis comme un excommunié ; ma condition est pire que celle d’un vagabond sans passe-port. Ce sont des misères terribles. — Je suis perdu, positivement perdu ! perdu sans retour !

M. D.

13 août.

Très-cher Makar Alexéiévitch ! Nous subissons malheurs sur malheurs, je ne sais plus moi-même que faire ! Qu’allez-vous devenir maintenant ? Il n’y a guère à compter sur moi ; aujourd’hui je me suis brûlée avec un fer à repasser : je l’ai laissé tomber sur ma main gauche, en sorte que j’ai à la fois une contusion et une brûlure. Il m’est complètement impossible de travailler, et Fédora est malade depuis avant-hier. Je suis dans une inquiétude cruelle. Je vous envoie trente kopeks d’argent ; c’est à peu près tout ce qui nous reste ; mais Dieu sait combien je voudrais vous venir en aide dans vos besoins présents. Je suis triste à pleurer ! Adieu, mon ami ! Si vous veniez nous voir aujourd’hui, votre visite serait une grande consolation pour moi.