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et maintenant tout le monde m’appelle Lovelace, je n’ai plus d’autre nom ! Entendez-vous, mon petit ange, entendez-vous ? À présent ils savent tout, ils sont instruits de tout, ils vous connaissent, ma chère, ils n’ignorent rien, absolument rien ! Mais quoi ! Faldoni lui-même fait cause commune avec eux. Aujourd’hui je lui ai ordonné d’aller me chercher quelque chose chez le charcutier ; il n’y a pas été et s’est borné à me répondre qu’il était occupé. « Quand je te charge d’une commission, tu dois la faire », lui dis-je. — « Non, je ne le dois pas, répliqua-t-il, vous ne payez pas ma patronne, par conséquent vous n’avez pas d’ordres à me donner. » L’insolence de ce moujik mal élevé me met hors de moi ; je le traite d’imbécile, et il me répond : « Vous en êtes un autre. » Pensant qu’il devait être ivre pour me parler si grossièrement, je lui dis : « Tu as bu sans doute, paysan que tu es ! » Alors lui : « C’est vous qui m’avez payé à boire peut-être ? Vous-même avez-vous le moyen de vous pocharder ? Vous demandez l’aumône à une femme, vous mendiez dix kopeks... Et un barine encore ! » a-t-il ajouté. Voilà, matotchka, voilà où en sont venues les choses ! On fait