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matotchka, que toujours la même chose m’arrive chaque fois que je me trouve en pareilles circonstances ; il faut croire que c’est dans ma destinée ; invariablement je fais quelque malheur. Au bruit se montre une vieille sorcière, une logeuse finnoise. Je m’adresse aussitôt à elle : « C’est ici que demeure Markoff ? » — « Non », répond-elle d’abord, et, après m’avoir bien examiné, elle demande : « Qu’est-ce que vous lui voulez ? » Je donne des explications, je parle d’Emilian Ivanovitch, je dis que je viens pour une petite affaire, etc. La vieille appelle sa fille ; arrive nu-pieds une petite fillette. « Va chercher ton père ; il est en haut chez les locataires. — Donnez-vous la peine d’entrer. » Je passai dans une chambre qui n’offrait rien de remarquable ; aux murs étaient accrochés des tableaux, tous portraits de généraux ; il y avait un divan, une table ronde, un réséda, des balsamines. Je me demandais si, pour m’éviter des désagréments, je ne ferais pas bien de décamper. Oui, je vous l’assure, matotchka, j’avais envie de prendre la fuite ! « Mieux vaut revenir demain, pensais-je, le temps sera meilleur, je vais laisser passer l’orage ; — aujourd’hui le lait a été épanché, et les généraux ont l’air de si mauvaise