Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/184

Cette page n’a pas encore été corrigée

que j’aurai touché mes appointements, je vous rembourserai, vous pouvez y compter ; je me ferai un devoir de vous payer immédiatement. » Sur ces entrefaites quelqu’un l’appela, j’attendis son retour ; dès qu’il fut rentré, il se mit à tailler une plume et parut ne faire aucune attention à moi. Je revins à la charge : « Pierre Pétrovitch, ne pouvez-vous pas me prêter quelque argent ? » Il garde le silence et a l’air de ne pas m’entendre. Je ne me décide pas encore à quitter la place. Allons, me dis je, je vais faire une dernière tentative, et je le tire par sa manche. Il ne desserre pas les lèvres, taille une plume et se met à écrire ; je finis par me retirer. Voyez-vous, matotchka, ils peuvent être tous des gens dignes, mais ils sont fiers, très-fiers ! Qu’avons-nous à faire d’eux, Varinka ? Voilà où j’en voulais venir en vous écrivant tout cela. — Emilian Ivanovitch s’est aussi mis à rire et a hoché la tête, mais il m’a réconforté par des paroles cordiales. Emilian Ivanovitch est un digne homme. Il a promis, Varinka, de me recommander à quelqu’un qui demeure rue de Viborg et qui prête aussi à intérêt ; c’est un employé de la quatorzième classe. Emilian Ivanovitch dit que celui-là me prêtera certainement.