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que les rapports exigés par la vie commune. Voilà qu’aujourd’hui il me dit : « Makar Alexéiévitch, pourquoi êtes-vous devenu si soucieux ? » Je vois que cet homme me veut du bien et je m’ouvre à lui : « C’est à cause de telle et telle chose, Emilian Ivanovitch... » Bien entendu, je ne lui dis pas tout, et Dieu me préserve de le lui dire jamais, je n’en aurais pas la force ; je lui confiai seulement en termes généraux que j’étais gêné, etc. « Mais, batuchka, vous devriez emprunter », reprit Emilian Ivanovitch ; « vous pourriez, tenez, vous adresser à Pierre Pétrovitch, il prête à intérêt ; je lui ai emprunté de l’argent ; ses conditions sont raisonnables ; il ne demande pas un intérêt exorbitant. » À ces mots, Varinka, mon cœur sauta dans ma poitrine. Peut-être, pensai-je, le Seigneur inspirera une bonne pensée à Pierre Pétrovitch, et il consentira à me prêter. Déjà je décide en moi-même comment j’emploierai cet argent : je réglerai ma logeuse, je vous viendrai en aide, et je remonterai ma garde-robe, car c’est une honte de porter de pareils vêtements ; assis à ma place, je suis comme sur des épines, sans compter que nos loustics se moquent de moi ; que Dieu les assiste ! Et