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1er août.

MATOTCHKA, VARVARA ALEXÉIEVNA !

Vous êtes bien aise, matotchka, que Dieu vous ait fourni l’occasion de rendre le bien pour le bien et de me payer de retour. Je le crois, Varinka, je crois à la bonté de votre angélique petit cœur, mais ce n’est pas un blâme que je vous adresse, — seulement ne me reprochez plus, comme autrefois, d’être devenu dissipateur sur mes vieux jours. Allons, j’ai commis cette faute, qu’y faire ? — Si vous voulez absolument qu’il y ait là un péché, soit : seulement voilà, venant de vous, ma petite amie, ce langage m’est pénible à entendre. Ne vous fâchez pas de ce que je vous dis ; j’ai le cœur tout malade, matotchka. Les pauvres gens sont capricieux ; — la nature l’a voulu ainsi. Je m’en étais déjà aperçu auparavant. Lui, l’homme pauvre, il est soupçonneux ; il a même une façon particulière de considérer le monde, il observe du coin de l’œil chaque passant, promène autour de lui un regard inquiet, et prête l’oreille à chaque mot, se figurant toujours qu’on