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mangent ? À l’égard de qui donc me suis-je permis cette inconvenance ? Non, matotchka, pourquoi offenser les autres quand ils ne vous font rien ? Voici encore un exemple, Varvara Alexéievna : vous servez consciencieusement, avec zèle, — quoi ! — vos chefs eux-mêmes vous estiment (quoi qu’il en soit, au bout du compte, vous avez leur estime), — et voilà que quelqu’un, sous votre nez, sans aucune cause appréciable, de but en blanc, vous décoche une satire. Sans doute, c’est la vérité, parfois on se fait faire des effets neufs, — on est bien aise, on ne dort pas tant on est content ; les bottes neuves, par exemple, on les met avec un si vif plaisir ! — C’est vrai, je l’ai senti, parce qu’il est agréable de voir à son pied une chaussure fine, élégante ;— cette observation est juste ! Mais, n’importe, je m’étonne vraiment que Fédor Fédorovitch ait laissé passer sans y faire attention un pareil livre, et qu’il ait toléré des attaques contre lui-même. C’est vrai que ce haut fonctionnaire est encore jeune, et qu’il aime parfois à crier un peu ; mais pourquoi donc ne crierait-il pas ? Pourquoi ne pas nous gronder quand il le faut ? Soit, mettons qu’il gronde ainsi pour la forme ; — eh bien, c’est