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convient ? Mais non, matotchka, je ne permets pas cela, je m’élève de toutes mes forces contre un pareil projet. Je vendrai mon vieux frac et j’irai en chemise dans les rues, mais vous ne serez pas dans la gêne chez nous. Non, Varinka, non, je vous connais ! C’est de l’extravagance, de la folie pure ! À coup sûr, toute la faute est à Fédora : évidemment c’est elle, la sotte, qui vous a suggéré cette idée. Mais ne la croyez pas, matotchka !... Assurément vous ne savez pas encore tout, mon âme... C’est une femme bête, tracassière, acariâtre ; elle a hâté la fin de son mari défunt. Ou bien elle vous a, pour sûr, mise en colère ? Non, non, matotchka, pour rien au monde ! Et moi, que deviendrai-je alors ? que me restera-t-il à faire ? Non, Varinka, mon âme, chassez cela de votre petite tête. Que vous manque-t-il chez nous ? Votre présence nous réjouit, vous nous aimez ; — eh bien, vivez là tranquillement ; brodez ou lisez, ne brodez même pas, si vous voulez, — peu importe, pourvu que vous restiez avec nous. Autrement, jugez vous-même, à quoi cela ressemblera-t-il alors ?... Je vais vous procurer des livres, et puis nous prendrons jour pour faire encore une promenade ensemble. Seulement, laissez cela,