j’ai brodé ; on en offre cinquante roubles assignats. C’est un fort beau prix, je n’espérais pas en tirer une si forte somme. Je donnerai trois roubles d’argent à Fédora, et je me payerai une petite robe toute simple, mais chaude. Je vous ferai un gilet, je le ferai moi-même et je choisirai une bonne étoffe. Fédora m’a rapporté un livre, les Nouvelles de Bielkine, que je vous enverrai, si vous voulez le lire. Je vous prie seulement de ne pas le salir et de ne pas le garder trop longtemps ; ce livre n’est pas à moi ; — c’est un ouvrage de Pouchkine. Il y a deux ans j’ai lu ces nouvelles avec ma mère, et maintenant j’ai été si triste en les relisant ! Si vous avez quelques livres, envoyez-les-moi, pourvu toutefois qu’ils ne vous viennent pas de Ratazaïeff. Il vous donnera certainement son ouvrage, s’il a publié quelque chose. Comment se fait-il que ses écrits vous plaisent, Makar Alexéiévitch ? De telles inepties... — Allons, adieu ! Comme j’ai laissé courir ma plume ! Quand je suis chagrine, j’aime à bavarder sur quelque chose. C’est un remède : on se sent soulagé tout de suite, surtout si l’on dit tout ce qu’on a sur le cœur. Adieu, adieu, mon ami ! Votre V. D.
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