une maison, un emploi d’institutrice. Qu’en pensez-vous, mon ami ? Irai-je, ou n’irai-je pas ? Sans doute, alors, je ne serai plus une charge pour vous, et puis la place paraît avantageuse ; mais, d’un autre côté, il est assez pénible d’aller dans une maison qu’on ne connaît pas. Ce sont des propriétaires. Ils prendront des renseignements sur moi, ils questionneront, voudront savoir ; — eh bien, que dirai-je alors ? De plus, je suis si peu sociable, si sauvage, je n’aime pas à quitter le coin dont j’ai l’habitude. On se trouve mieux dans l’endroit où l’on est accoutumé à vivre : l’existence a beau y être malheureuse, on s’y trouve mieux. En outre, il faudrait aller en province, et encore Dieu sait quelle besogne me serait confiée ; on ferait peut-être de moi ni plus ni moins qu’une bonne d’enfants. D’ailleurs, il y a aussi le caractère des gens : depuis deux ans, ils en sont à la troisième institutrice. Conseillez-moi donc, Makar Alexéiévitch, pour l’amour de Dieu ; irai-je ou n’irai-je pas ? — Mais pourquoi ne venez-vous jamais chez moi ? De loin en loin seulement vous vous montrez. Nous ne nous voyons guère que le dimanche à la messe. Que vous êtes misanthrope ! Vous êtes tout à fait comme
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