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rire, quand il nous a lu cela. Il est si drôle, que le Seigneur lui pardonne ! Du reste, matotchka, quoique ce soit un peu léger, trop folichon, du moins c’est innocent, cela ne renferme pas le plus petit grain d’impiété et de libéralisme. Il faut noter, matotchka, que Ratazaïeff est un homme d’une très-bonne conduite ; aussi est-ce un excellent écrivain, une exception parmi les littérateurs. Mais, au fait, voici une idée qui me vient parfois à l’esprit... Eh bien, si j’écrivais quelque chose, qu’arriverait-il alors ? Supposons, par exemple, que tout à coup, de but en blanc, paraisse un livre intitulé : Poésies de Makar Diévouchkine ! Eh bien, qu’est-ce que vous diriez alors, mon petit ange ? Comment trouveriez-vous cela ? qu’est-ce que vous en penseriez ? Moi, je me dis, matotchka, qu’après la publication de mon livre je n’oserais plus, décidément, me montrer sur la perspective Nevsky. Imaginez-vous ma situation en entendant chacun dire sur mon passage : « Voilà l’écrivain et le poëte Diévouchkine... C’est Diévouchkine en personne ! » Que ferai-je alors avec mes bottes, par exemple ? Soit dit en passant, matotchka, je porte presque toujours des chaussures rapiécées, et, pour ne vous rien cacher, les semelles