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Eh bien, je vous le demande, matotchka, comment trouvez-vous cela ? À la vérité, c’est un peu libre ; là-dessus, pas de discussion, mais, en revanche, c’est beau. Pour être beau, ça, c’est beau ! Permettez que je vous transcrive encore un petit fragment de la nouvelle : Iermak et Zuléika. Figurez-vous, matotchka, que le Cosaque Iermak, le farouche et terrible conquérant de la Sibérie, est devenu amoureux de Zuléika, la fille du roi sibérien Koutchoum, qui est tombée en son pouvoir. Le sujet, comme vous voyez, est emprunté à l’époque d’Ivan le Terrible. Voici la conversation de Iermak et de Zuléika : « — Tu m’aimes, Zuléika ! Oh ! répète, répète !... « — Je t’aime, Iermak, répondit à voix basse Zuléika. « — Ciel et terre, je vous remercie ! Je suis heureux !... Vous m’avez donné tout, tout ce à quoi aspirait depuis l’adolescence mon âme agitée. Ainsi voilà où tu m’as conduit, ô mon étoile dirigeante ; ainsi voilà pourquoi tu m’as mené ici, au delà de la Ceinture de Pierre ! Je montrerai au monde entier ma Zuléika, et les hommes, ces monstres furieux, n’oseront