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bombe dans la salle bondée de monde. L’ouvreuse le regarda avec méfiance et loucha du côté de la poche extérieure de cet homme impétueux, s’attendant à en voir émerger la poignée d’un poignard. Rappelons à ce sujet qu’en ce temps-là, l’Opéra était divisé en deux partis tenant chacun pour l’une des deux prime-donne. C’étaient les zistes et les zustes. Les deux partis aimaient si violemment la musique que les ouvreuses commençaient à s’inquiéter d’une passion si décidée. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que l’ouvreuse, en voyant cet élan juvénile d’un vieillard aux cheveux blancs et très-rares, un peu sur le retour de la cinquantaine et qui appartenait au monde élégant, se rappelât involontairement le mot d’Hamlet :


Quand la vieillesse a des chutes si effroyables,
Que ne fera pas la jeunesse ?