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morceau de pain, le matin, et une gousse d’oignon. À midi, un autre morceau et une autre gousse, et le soir de l’oignon, du kvass et du pain s’il en veut. S’il y a du schtchi[1], il en aura. Nous voilà rassasiés. Moi, je mange peu. Les ivrognes, vous savez, ont petit appétit : du vin, de la vodka, voilà leur affaire. C’est à cela qu’il faudra veiller, pensai-je. Et puis, si Emelian était parti, je m’en serais voulu éternellement… J’étais décidé à être son père et son bienfaiteur. Je vais le guérir de boire, me dis-je. « Attends un peu ! Emelian, reste ! mais prends garde : obéis à la consigne ! »

Et je pense en moi-même : Je vais lui donner peu à peu le goût du travail. Qu’il prenne l’air quelque temps, et je chercherai pour quel travail un Emelian peut

  1. Plat aux choux.