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isolé, presque en ermite. Je n’ai à peu près pas de relations, je sors rarement. Dix ans de cette vie m’ont, certes, habitué à l’isolement. Mais dix, quinze années encore d’isolement, dans le même trou, avec la rude société d’Agrafena, ce n’était pas une brillante perspective. Un compagnon de plus, pourvu qu’il fût silencieux, était donc une manne céleste.

Agrafena n’avait pas menti : mon locataire était un homme dégourdi. J’appris par son passe-port que j’avais affaire à un soldat retraité, — ce que d’ailleurs j’avais deviné au premier regard.

Astafy Ivanovitch était un brave homme. Nous eûmes des relations pacifiques. Il savait des histoires intéressantes ; souvent l’aventure lui était arrivée à lui-même. L’ennui ordinaire de ma vie faisait d’un tel conteur un vrai trésor.