Page:Dostoievski - La femme d'un autre.djvu/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.

movar. Les enfants, étonnés, se cachent dans un coin et regardent de loin la morte. Micha, tant qu’il vivra, n’oubliera jamais que la vieille est morte la main sur son épaule, et quand, à son tour, il mourra, personne ne se souviendra plus que sa vieille babouchka a vécu cent quatre ans : pourquoi et comment ? Nul ne le sait. Et qu’importe, d’ailleurs ? Des millions de gens meurent ainsi : ils vivent sans qu’on se doute d’eux et meurent de même. Peut-être seulement, au moment de la mort d’un centenaire, a-t-on une sensation d’attendrissement, de paix, de solennité et de consolation. Cent ans ! Ce chiffre produit encore sur l’homme une impression étrange.

Que Dieu bénisse la vie et la mort des simples bonnes gens !