Page:Dostoievski - La femme d'un autre.djvu/218

Cette page a été validée par deux contributeurs.

j’ai rencontré une jeune barinia qui achetait des souliers à ses enfants : « Eh quoi, ma vieille, qu’elle me dit, tu es fatiguée ? Voilà cinq kopecks, achète un petit pain… » Et moi, sais-tu, j’ai pris les cinq kopecks…

— Repose-toi un peu, babouchka. Pourquoi es-tu si haletante, aujourd’hui ? remarque le patron particulièrement soucieux.

Tous la regardent. Elle est étrangement pâle, ses lèvres sont blanches. Elle aussi regarde tout le monde, mais ses yeux sont ternes.

— Et voilà que j’ai pris… vous achèterez des gâteaux pour les enfants avec les cinq kopecks…

Elle s’arrête encore, de nouveau elle s’efforce pour respirer. Tout le monde se tait pendant cinq secondes.