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de ses paroles qu’il se rappelait, qu’il se répétait pieusement, son cœur répondait par un battement sourd… Eh quoi ! Tout cela, n’était-ce pas un songe ?… Mais aussitôt toute la scène dernière entre elle et lui revint à sa mémoire, se rejoua devant son imagination, et il revit Catherine si triste, oh ! Si triste ! Il crut de nouveau sentir sur ses lèvres cette chaude haleine, – et ces baisers !…

Il ferma les yeux et s’oublia dans une sorte de demi-sommeil…

…Une horloge sonna au loin. Il était tard. La nuit tombait…

Tout à coup, dans son demi-sommeil, il lui sembla qu’elle se penchait encore sur lui, qu’elle le regardait avec ses yeux merveilleusement clairs, étincelants de larmes de joie, ses yeux doux et clairs comme la coupole azurée du ciel immense par une belle journée. Et tout son visage était si lumineux, son sourire brillait d’un bonheur si profond, elle se penchait avec un élan si enfantin et si amoureux à la fois sur les épaules d’Ordinov que, succombant à la joie, il poussa un gémissement. Elle lui parla, elle lui dit de tendres paroles,