Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/67

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mains l’une sur l’autre, signifiant ainsi un cadavre.

— Eh bien ?

— Je n’ose pas le croire, mais on dit que la prédiction se réalisa. Il a un don, voyez-vous, Vassili Mikhaïlovitch… Vous riez ? Je sais que vous êtes bien plus savant que moi, mais je crois en lui, ce n’est pas un charlatan. Pouchkine lui-même rapporte une histoire pareille…

— Hum ! Je ne veux pas vous contredire… Vous avez dit, je crois, qu’il demeure seul.

— Je ne sais pas… Il a, je crois, avec lui sa fille.

— Sa fille ?

— Oui, ou peut-être sa femme. Je sais qu’il y a une femme chez lui. Je l’ai entrevue, mais sans prêter attention…

— Hum ! C’est étrange…

Ordinov resta rêveur. Yaroslav Iliitch aussi se mit à rêver. Il était ému par la rencontre de son ami et aussi par la satisfaction que lui causaient les intéressants récits qu’il venait de faire en si bon style. Et il restait là, fumant sa pipe et contemplant Vassili Mikhaïlovitch. Mais tout à coup il se leva et prit un air affairé.

— Déjà une heure ! Je m’oublie… Mon cher