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lav Iliitch. Il tendit obséquieusement la main à Ordinov. — Ils s’étaient connus juste un an auparavant, dans la rue, par hasard. À ce caractère si facilement liant Yaroslav Iliitch joignait la faculté extraordinaire de trouver partout des gens nobles et bons, possédant les manières de la plus haute société, instruits surtout et doués au moins de talent. Mais quoique Yaroslav Iliitch eût une voix de ténor extrêmement doucereuse, il avait dans ses intonations, en causant même avec ses plus intimes amis, quelque chose d’aigu et d’impératif qui éloignait toute contradiction et n’était peut-être, en somme, que la conséquence d’une habitude.

— Par quel hasard ? s’écria Yaroslav Iliitch avec l’expansion de la joie la plus sincère.

— Je demeure ici.

— Depuis longtemps ? continua Yaroslav Iliitch en élevant déjà sa note, je n’en savais rien. Mais je suis votre voisin ! Moi aussi je demeure dans ce quartier depuis un mois que je suis revenu du gouvernement de Riazan. Et je vous tiens, mon noble ami, le plus ancien de mes amis ! — Et il se mit à rire avec bonhomie. — Sergeev, cria-