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le Volga. (Moi aussi je suis du Volga.) Il avait aussi une fabrique, mais elle a brûlé, et voilà ! La tête n’y est plus.

— Il est fou ?

— Non !… Non !… reprit-il après une pose. Pas fou, très-fort au contraire. Il sait tout, il a lu ! Il a lu ! Il a lu ! Il a tout lu… Il disait l’avenir, oui ; quelqu’un venait : c’est deux roubles, trois roubles, quarante roubles ; puis il regardait le livre, le feuilletait et disait toute la vérité. Mais l’argent sur la table, d’abord l’argent : sans argent rien.

Et le Tartare, qui semblait entrer de grand cœur dans les intérêts de Mourine, se mit à rire de joie.

— Alors c’est un sorcier ? Il dit la bonne aventure ?

— Hum !… grogna le dvornik en hochant affirmativement de la tête avec vivacité, – oui, il dit la vérité, et il prie Dieu, il prie beaucoup, et puis tout à coup son mal le prend…

Et le Tartare répéta son geste expressif. En ce moment quelqu’un l’appela de l’autre cour, et bientôt après parut un petit homme vêtu d’une