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— Que t’ai-je fait ?… C’est ta faute aussi : pourquoi as-tu fait peur à ton logeur ?… Tu sais, le fabricant de cercueils qui est en bas, il est sourd ; eh bien, il a tout entendu ! Et sa femme, qui est sourde aussi, a tout entendu, comme lui ! Et dans l’autre cour, c’est loin, hein ? On a tout entendu ! Me voilà obligé d’aller chez le commissaire.

— J’irai moi-même, répondit Ordinov en se dirigeant vers la porte cochère.

— Eh ! Comme tu voudras, c’est toi qui as loué… Barine, barine, attends !

Ordinov se retourna. Le dvornik, avec politesse, toucha le bord de sa casquette.

— Eh bien ?

— Si tu y vas, j’irai chez le propriétaire.

— C’est-à-dire ?

— Vaut mieux t’en aller.

— Imbécile ! Dit Ordinov, et il reprit son chemin.

— Barine, barine, attends !

Le dvornik toucha de nouveau sa casquette et rit en montrant ses dents.

— Écoute, barine, modère-toi. Pourquoi tourmenter un pauvre homme ? C’est un péché, Dieu ne le veut pas, entends-tu ?